Archéologie du quotidien

Il y a le corps d’acier de la lame
qui coupe la chair de bois,
il y a la pierre qui affûte son tranchant,
il y a les bûches glanées,
il y a l’histoire de chaque outil,
leur place, leur valeur, leur destination.

Il y a l’établi et l’étau,
la force invoquée pour contraindre la matière.
Il y a chaque geste et la place de chaque doigt,
il y a la chaleur et la poussière,
et le bois qui casse,
et le bois qui cède.

Il y a les routes dans les montages
et les lièvres qui serpentent,
les odeurs de pin
et la bruyère en fleurs.

Il y a les blessures
et les mots qui guérissent,
les entailles des sentiments
et les onguents d’amitié.
Il y a une vie, il y a des vies,
l’impérieuse volonté de se tenir debout,
de marcher, de créer.
Il y a les gestes à refaire
et les mains qui apprennent,
étudiantes et bonnes élèves,
qui récitant leur poésie,
déploient des mouvements appliqués,
il y a les sillons que la gouge creuse
et les lits des rivières qui se dessinent.
Il y a les châtaigniers,
les chênes verts et les bouleaux,
il y a le marché et les lumières des guinguettes,
il y a le paysage des visages
et le goût du commun.
Il y a des existences derrière chaque objet,
il y a des vies et des heures.
Il y a le goût du monde
et du voyage à l’intérieur de soi.
Tout cela déposé dans chaque geste.

Juillet 2023 - Cévennes 

 

 

 

 

 

 

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